Voici un interview d'Edwige Antier provenant de Famili.fr.
Je vous souhaite bonne lecture et bonne réflexion.
Au plaisir
Chez BBMaaternés
par Elodie Benarousse 27/05/2010 | 00:00
Dans son livre L'autorité sans fessées, Edwige Antier, pédiatre et députée, conseille les parents sur l'éducation de leurs enfants. Par son expérience, elle démontre qu'il est possible d'exercer son autorité sans fessées, ni violences verbales.
Selon Edwige Antier, pédiatre, députée et auteure du livre L'autorité sans fessées, il est possible d'exercer son autorité parentale sans fessées, ni violences verbales.
Quelles peuvent être les conséquences physiques ou psychologiques d'une fessée sur un enfant ?
Une fessée, cela ne paraît pas grave, mais en réalité, c'est humiliant pour l'enfant. Par ailleurs, on lui fait comprendre que lorsqu'on n'est pas content, on peut agresser l'autre et le taper puisqu'on résoud un problème par la violence. Une étude américaine menée auprès de 2500 enfants a récemment montré que les enfants ayant reçu une fessée à 3 ans sont devenus plus agressifs à 5 ans (lire notre article "La fessée rendrait les enfants plus agressifs"). Par ailleurs, la fessée diminue l'estime du tout-petit, l'endurcit (c'est le "même pas mal"), le rend sournois (il risque de dissimuler sa bêtise pour ne pas se faire gronder) et lui donne une mauvaise idée des adultes.
Quels conseils donner aux parents qui estiment qu'une fessée fait partie de l'éducation et permet de se faire respecter ? Quelle est votre méthode ?
La plupart du temps, les mamans sont débordées. Elles voudraient ne pas taper leur enfant et trouver une autre solution, et la plupart ont peur d'être stigmatisées comme étant de mauvaises mères. Mais il faut réfléchir à ce que peut ressentir un tout-petit lorsqu'il reçoit une fessée. Ma méthode repose donc sur quatre principes fondamentaux :
- Nourrir la curiosité de l'enfant en lui proposant des activités, afin d'éviter l'ennui qui peut le pousser à faire des bêtises,
- Faire diversion, trouver des idées ou du matériel qui attireront son attention sur autre chose,
- En cas de provocation, l'exclusion ou encore le "Time out" permet au parent et à l'enfant de s'isoler chacun de son côté tout en s'occupant, ce qui est différent du "coin" qui humilie le tout-petit,
- Savoir se faire aider, construire son réseau (famille, amis, grands-parents), savoir déléguer certaines tâches au papa et se renseigner auprès des maisons de parentalité...
La fessée se donne de génération en génération. Pensez-vous que ce geste est en train de diminuer en France, au même titre que la ceinture ou le martinet ?
Je suis convaincue que les parents sont conscients qu'une fessée ne sert à rien, certains regrettent même leur geste après l'avoir donné. Ce sentiment de culpabilité n'est en réalité pas toujours justifié puisqu'ils croient bien faire. Ils reproduisent en effet ce que leurs parents et leurs grand-parents ont fait pour élever leurs enfants, en leur précisant "Tu l'as bien méritée". Mais les mentalités évoluent de plus en plus puisque les couples cherchent aujourd'hui d'autres solutions pour exercer leur autorité.
Qu'en est-il de la proposition de loi que vous avez déposée à l'Assemblée nationale pour interdire en France les châtiments corporels sur les enfants ?
Un châtiment corporel, c'est une main levée délibérée destinée à punir. J'ai donc déposé une proposition de loi visant à interdire cette punition dans le Code civil. Il ne s'agit pas de condamner les parents qui donnent une fessée à leur enfant mais d'édicter les bonnes pratiques. J'ai récemment été reçue à Strasbourg au Conseil de l'Europe, qui me soutient dans ma démarche. Cette proposition a déjà été votée dans 18 pays européens. L'Espagne, l'Allemagne et le Portugal l'ont récemment inscrite dans leur code et les effets sont positifs. J'ai bon espoir pour que la France suive ce même principe.
Pouvons-nous dire alors que la France mérite "une bonne fessée ?"
Oui, exactement ! La France est le pays des Droits de l'Homme. Pourtant, c'est également un des derniers à ne pas avoir abolit les châtiments corporels sur les enfants.
Selon vous, que faudrait-il d'autre pour changer les mentalités des parents ?
Etant inscrite au Code civil et non au Code pénal, cette proposition de loi permettra d'avertir et de sensibiliser les futurs et jeunes parents, notamment lors d'un mariage. Si les enfants veulent ensuite en parler, les parents pourront alors bénéficier de stages d'aide à la parentalité. L'objectif étant avant tout de sensibiliser la population, de changer les mentalités et cela passe également par différentes campagnes qui inciteraient à trouver des solutions autres que la violence pour éduquer les enfants.
Voici la source de mon document : http://www.famili.fr/,entretien-avec-edwige-antier,487,72727.asp